la CP, le CH


Suis sorti de l’Appart en voulant attraper le coucher soleil, au-dessus des rails de la CP, à hauteur de Rachel. La noirceur tombait déjà rapidement, préféré aller vers le Sud, vers la cour de triage.

Passé les 19h, je ne sais plus trop ce qu’on peut trier dans ce grand enclos silencieux. Peut-être quelques employés restés plus tard, pour un répit avant de retrouver leur famille, leur chien ou leurs engueulades, trient-ils – ou triturent – leurs souvenirs et leurs vieux péchés. Sait-on jamais.

Accompagné de la clôture rouillée et barbelée, j’ai humé l’air frais encore gonflé de sucre, réalisant que je n’avais jamais mis les pieds dans ce coin particulier du quartier. J’ai observé la danse de la manche à air pendant de longues minutes, me suis appuyé contre la clôture, sa peau rouge s’est défaite sous la pression de mes doigts.

Les mains dans les poches, je suis retourné vers l’Est, vers ce refuge où les livres s’amoncèlent et qui ferme le cercle de mes promenades. Les enfants, au loin, envahissaient déjà les rues, jerseys du CH sur le dos en guise d’espoir, balle de plastique orange en guise de rondelle, qu’on devait arracher à toutes les deux minutes au chien bâtard de Jimmy. Le ciel se refermait déjà derrière moi. Ne me restait qu’à passer, sans déranger la partie.